"Clara Rosa, Rosas itinérantes", 2019 installation de 80 roses, aquarelle s/ papier & résine
"Voici des roses"
extrait de la Damnation de Faust (H. Berlioz)
interprété par :
Jacques Maresch (baryton)
Yves Mory (piano)
Chapelle de l'Hôtel des Ursulines à Autun
Au matin, elle naquit au Venezuela.
C’était il y a quatre-vingts ans.
Elle répondait au nom de Clara Rosa.
Tout de suite placée sous l’empire de la clarté et la symbolique de cette reine des fleurs qu’on chante depuis la plus haute Antiquité…
Comme la rose, issue du sauvage églantier et de la patiente hybridation du jardinier, elle était de sang mêlé : celui de la lointaine Espagne d’Europe intimement lié à ceux d’Amérique indienne…
Comme la rose connut la Chine, la Perse ou l’Égypte avant la Grèce, Rome et l’Europe du Nord, elle connut de diverses fortunes de vie : elle changea souvent, d’une maison l’autre, bâtit avant de perdre et recommencer, elle aima sans doute, combattit la rudesse des temps ainsi que le rosier en fait de l’aridité des terres.
Éclose sur la tige nue, sans doute l’épine lui vint quelquefois…
Comme la rose a sa bouture, elle donna et redonna la vie.
Quand ils regardèrent des roses, ses enfants le surent : la leur était unique.
Au soir, lorsque son cœur eut fané, Carlos Castillo Ibarra peignit quatre-vingts de ces fleurs qui la disent.
Et sous la résine, lui conservent clarté à jamais.
Jacques Hébert, Paris 2019
Al amanecer, nació en Venezuela.
Fue hace ochenta años.
Respondía al nombre de Clara Rosa.
Puesta enseguida bajo el imperio de la claridad y el simbolismo de esta reina de las flores que cantamos desde la más alta antigüedad…
Como la rosa, originaria del salvaje brezo y de la paciente hibridación del jardinero, era de sangre mezclada : la de la lejana España de Europa íntimamente ligada a las América india…
Como la rosa conoció China, Persia o Egipto antes de Grecia, Roma y Europa del Norte, conoció diversas fortunas de vida : cambió bastante, de una casa a otra, edificó antes de perder y reconstruir, amó sin duda, combatió la rudeza de los tiempos como al rosal lo hace con la aridez de las tierras.
Brotada del tallo desnudo, sin duda la espina le vino algunas veces…
Como la rosa a sus esquejes, dio y volvió a dar vida.
Cuando miraron rosas, sus hijos lo supieron : la suya era única.
Al anochecer, cuando su corazón hubo marchitado,
Carlos Castillo Ibarra pintó unas ochentas de esas flores que la narran.
Y bajo la resina, le conservan claridad para siempre.
Traducido por Daniela Dejay,
Maracay, Venezuela, 2019