Portraits d'enfants indigènes rencontrés sur les rives du fleuve Atabapo au Venezuela
Mes grands-parents maternels étaient d’origine indienne, de los llanos au Venezuela. Enfants, nous jouions aux bords du fleuve Guarico, nous gardions toujours un œil sur les caïmans qui se réchauffaient sur la rive opposée. Nous devions sortir de l’eau lorsque l’un d’entre eux manquait « à l’appel ». Parfois, alors que nous nous délassions au pied d’un arbre, en pointant le nez vers la cime, nous apercevions un serpent qui paressait sur les branches en surplomb. Dans la chaleur moite des débuts de la saison des pluies, les eaux rouges du fleuve s’irisaient des bleus intenses du ciel. En peu de temps, des masses nuageuses d’abord blanches, se lovaient en volutes de plomb jusqu’à se déchaîner, crachant eau et feu ! … et nous jouions, ivres de soleil, de parfums de terre et de végétation. Insouciance de l’enfance, insouciance de la terre, nous grandissions au seuil des périls d’une nature imposante et imprévisible.
Sur le palimpseste de la mémoire, par couches successives, je dépose, gratte, recouvre… Souvenirs qui s’effacent et se recréent. Je vais à la rencontre de ces portraits, de ces autoportraits.
Carlos CASTILLO IBARRA Paris 30 mars 2017