Pour la réalisation d'une installation sous la forme d'un banc de 300 poissons, l'artiste recycle des boites de conserve pour y réaliser l'inclusion d'une aquarelle dans de la résine époxy.
Des éléments de cette série ont été exposés à :
Itinéraires en Ocre, Saint-Aubin-Château-Neuf
et très prochainement au Grau-du-Roi
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
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aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
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Je me suis penché sur la mer
Pour communiquer mon message
Aux poissons :
« Voilà ce que je cherche et que je veux savoir. »
Antonin Artaud, Petit poème des poissons de la mer.
Carlos Castillo Ibarra est né au Venezuela. Il y a grandi, y a fait une partie de ses études d'art avant de s'installer en Europe. Pour des raisons familiales, Carlos Castillo séjournait souvent tout à fait au sud de son pays, dans l'état de l'Amazonas. Là, en amont de la capitale provinciale, Puerto Ayacucho, la municipalité de San Fernando de Atabapo s'est bâtie à la confluence de trois puissants cours d'eau, l'Orénoque, le Guaviare et l'Atabapo. Au village, Carlos Castillo habitait une grande case traditionnelle. Partout alentour, s'étendait l'impénétrable forêt équatoriale d'Amazonie.
A San Fernando de Atabapo, sylves et ondes dominent tout, président à la vie, fournissent toutes matières premières, nourritures ou boissons. Le peintre, lui, peut y puiser à l'envi force, couleurs et poésie. Une inspiration aussi féconde que la nature y est exubérante et profuse. Tous les jours, les habitants y côtoient les eaux, en perçoivent l'écoulement continu, les caprices, les reflets iridescents, cheminent sur leurs berges, s'activent en leurs faibles profondeurs, y cuisinent, lavent, se baignent. A bord d'embarcations diverses, on se déplace et, surtout, l'on pêche.
Car, en dépit de nombreuses années passées ici, en France, Carlos Castillo n'a jamais oublié le prix que l'on doit attacher à cette manne que, par effort, l'homme tire là-bas de l'eau. Ainsi, avec ces délicats petits poissons qu'il s'est mis à fidèlement reproduire, Carlos Castillo rend-il hommage à l'humble mais indispensable tâche vivrière que ses lointains compatriotes doivent quotidiennement consentir. Ce faisant, le fervent aquarelliste qu'il est aujourd'hui, exprime également sa reconnaissance : tout ce fretin mélangé, tour à tour argentin, chatoyant, scintillant, figure à merveille le creuset où se mêle à cet épisode de sa vie, la mémoire sensorielle qu'il s'est constituée là-bas. C'est là que l'artiste doit lui aussi se nourrir jour après jour.
Les peuples les mieux nantis de ce monde ont peu à peu perdu de vue le labeur nécessaire à produire leur nourriture. Ils s'emploient ailleurs et se ravitaillent simplement en magasin : pour beaucoup d'entre nous, sardines, maquereaux, thon, morue et autres sprats n'existent que sous emballage, bocal, pot ou blister. En récupérant les vulgaires boîtes d'aluminium qui permettent habituellement leur conservation et leur commercialisation, pour y insérer ses représentations naturalistes, Carlos Castillo nous invite à reconsidérer toute la valeur et de nos produits alimentaires et des petits objets qui servent notre quotidien. Tel le joaillier, Carlos Castillo sertit sa pêche miraculeuse : l'alu banal se mue en écrin précieux où resserrer, dans une larme de résine, ses authentiques effigies ichtyologiques.
Jacques Hébert
Paris, septembre 2023
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
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aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
aquarelle, résine époxy, boîte aluminium
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